La perspective de vivre sous le soleil espagnol, caractérisé par un climat agréable et une qualité de vie élevée, attire les Belges depuis des décennies. Cette considération est souvent renforcée par la perception d'un régime fiscal plus favorable. Or, le gouvernement fédéral belge a annoncé une vaste réforme fiscale qui entrera en vigueur le 1er janvier 2026. Cette réforme n'est pas un simple ajustement des règles existantes ; elle introduit un concept fondamentalement nouveau dans l'impôt belge sur le revenu des personnes physiques : une taxe générale sur les plus-values des actifs financiers.
Les personnes qui envisagent de déménager sont informées qu'une "taxe de sortie" s'ajoutera à ce nouvel impôt. Cette taxe vise spécifiquement les personnes qui établissent leur résidence fiscale en dehors de la Belgique. L'introduction de cette législation crée une grande incertitude et des désavantages financiers potentiels pour les Belges qui possèdent un portefeuille d'investissement et qui ont des projets concrets d'émigration.
Dans cet article, nous décortiquerons les mécanismes précis de la nouvelle législation belge, nous examinerons en détail les implications fiscales d'un déménagement en Espagne et nous expliquerons l'interaction avec la convention de double imposition entre la Belgique et l'Espagne.
NoteLe Parlement européen : La législation relative à la taxe de sortie n'est pas encore définitive. Seul un accord politique a été trouvé. Cet article de blog est basé sur les informations déjà disponibles.
La nouvelle taxe belge sur les plus-values : un examen approfondi
Pour comprendre l'impact de l'exit tax, il est indispensable de bien connaître la taxe sur les plus-values sous-jacente, officiellement une "contribution de solidarité". En effet, cette nouvelle taxe constitue la base de calcul de l'exit tax.
Principes et entrée en vigueur
Au cœur de la réforme, l'introduction d'une taxe sur les plus-values réalisées sur un très large éventail d'actifs financiers. Le champ d'application comprend les actions, les obligations, les produits dérivés, les fonds communs de placement, les ETF, les crypto-actifs, et même certains produits d'assurance-vie (branches 21, 23, 26). La loi s'applique aux personnes physiques soumises à l'impôt sur le revenu des personnes physiques et à certaines personnes morales soumises à l'impôt sur les personnes morales, telles que les associations sans but lucratif et les fondations privées. Les sociétés commerciales, dont les plus-values sont déjà soumises à l'impôt sur les sociétés, ne sont pas concernées.
La date d'entrée en vigueur est fixée à 1er janvier 2026. Cette date est d'une importance capitale et agit comme une date butoir au cœur de toute planification stratégique.
L'exonération cruciale des plus-values historiques : le "Step-Up".
Un principe rassurant de la nouvelle loi est la non-rétroactivité. Seules les plus-values accumulées et réalisées de 1er janvier 2026 sont soumises à l'impôt. Toutes les plus-values historiques différées (non réalisées) accumulées jusqu'au 31 décembre 2025 sont explicitement exonérées.
Techniquement, cela se fait par le biais d'un "step-up" légal de la valeur d'acquisition. Pour les biens acquis avant le 1er janvier 2026, la valeur d'acquisition pour le calcul des plus-values futures est théoriquement égale à la valeur de marché à la date du 1er janvier 2026. 31 décembre 2025. Si le prix d'achat original, historique, était plus élevé, cette valeur plus élevée peut être conservée.
Toutefois, cette augmentation n'est pas passive ; elle impose au contribuable une charge administrative et probatoire importante. La loi prévoit des règles d'évaluation spécifiques et hiérarchisées pour déterminer la valeur au 31 décembre 2025 :
- Actifs répertoriés : Le cours de clôture du 31 décembre 2025.
- Actifs non cotés : C'est là que les choses deviennent plus complexes. La valeur est la plus élevée de différents montants forfaitaires, tels que la valeur d'une transaction récente entre des parties indépendantes, des formules d'évaluation contractuelles ou un calcul basé sur une formule telle que
fonds propres + 4x EBITDA
. - Note alternative : Le contribuable a la possibilité d'opter pour une évaluation indépendante et motivée préparée par un réviseur d'entreprise ou un expert-comptable. Ce rapport d'évaluation doit être établi avant la fin de l'année 2026.
L'introduction de cette majoration est une mesure politiquement nécessaire pour rendre la loi juridiquement viable en évitant la rétroactivité. Toutefois, elle a pour conséquence inévitable de créer une énorme obligation administrative et financière ponctuelle pour les tous investisseur belge. Ce n'est plus une option mais une nécessité de faire évaluer professionnellement l'ensemble du portefeuille à cette date et de documenter cette évaluation de manière concluante.
En effet, la charge de la preuve de cette valeur incombe implicitement, mais indéniablement, au contribuable. Sans une évaluation proactive, détaillée et étayée, en particulier pour les actifs non cotés, le contribuable ouvre la porte à de futures discussions prolongées et à des évaluations potentiellement arbitraires de la part des autorités fiscales. Il pourrait en résulter des cotisations fiscales beaucoup plus élevées et imprévues à l'avenir. Ainsi, la loi ne crée pas seulement un nouvel impôt, mais aussi une exigence impérative de planification et de documentation qui ne doit pas être prise à la légère.
Les trois régimes fiscaux : une approche différenciée
Le législateur a adopté une approche différenciée et distingue strictement trois catégories de plus-values. Ces régimes s'excluent mutuellement, ce qui signifie qu'une plus-value spécifique ne peut relever que d'un seul régime.
Régime 1 : plus-values internes (33%)
Ce régime est essentiellement un renforcement d'une disposition anti-abus existante. Il vise les plus-values réalisées sur la vente d'actions à une société contrôlée par le vendeur, qu'il soit ou non accompagné de ses proches parents (jusqu'au deuxième degré). Le taux élevé de 33% est destiné à empêcher que des liquidités soient retirées d'une société d'exploitation de manière fiscalement avantageuse par le biais d'une structure de détention personnelle.
Régime 2 : intérêts substantiels (taux progressifs)
Ce régime s'applique aux plus-values réalisées lors de la cession d'actions si, au moment de la cession, le vendeur est au moins 20% des droits dans la société concernée. Le traitement fiscal est ici plus nuancé :
- Une exonération unique des droits de douane sur le premier €1.000.000 aux plus-values réalisées. Cette exonération est un "sac à dos" qui peut être utilisé sur une période mobile de cinq ans.
- Au-delà de ce montant exonéré, des taux progressifs par tranche s'appliquent :
- De 1 000 000 € à 2 500 000 € : 1,25%
- De 2 500 000 € à 5 000 000 € : 2,5%
- De 5 000 000 € à 10 000 000 € : 5%
- Au-dessus de 10 000 000 € : 10%.
Régime 3 : régime général (10%)
C'est le régime par défaut qui s'applique à toutes les autres plus-values sur les actifs financiers qui ne sont pas couvertes par les deux premiers régimes. Il s'agit par exemple des actions cotées en bourse dans lesquelles on détient une participation inférieure à 20%, des obligations, des OPCVM et des crypto-actifs.
- Le taux est un pourcentage fixe de 10%.
- Une exonération annuelle de base est prévue pour €10.000 par contribuable. La partie non utilisée de cette exonération peut être reportée sur les années suivantes de manière limitée, avec un maximum de 15 000 euros après cinq ans.
La création de ces trois régimes distincts impose une planification patrimoniale différenciée et segmentée. La stratégie fiscale d'un administrateur-actionnaire principal détenant une participation 50% dans son entreprise familiale, qui relève du régime progressif des intérêts substantiels, est fondamentalement différente de celle d'un particulier possédant un portefeuille de titres diversifié, qui relève du régime général 10%.
Si vous détenez une participation importante, vous devrez vous efforcer de tirer le meilleur parti de l'exonération d'un million d'euros sur la période de cinq ans, ce qui peut conduire à des considérations stratégiques telles que des ventes échelonnées ou des restructurations. En revanche, si vous relevez principalement du régime général, vous devrez vous concentrer sur la réalisation de gains jusqu'à l'exonération de 10 000 euros par an et sur la gestion du prélèvement 10% sur les gains plus importants.
L'Exit Tax - un règlement de sortie fictif
L'exit tax est la pierre angulaire du nouvel impôt sur les plus-values et est spécifiquement conçue pour empêcher les contribuables d'échapper au nouvel impôt en émigrant tout simplement.
Cadre juridique et objectif
D'un point de vue juridique et technique, l'exit tax est un prélèvement immédiat sur le capital de l'entreprise. plus-values latentes sur l'ensemble du portefeuille d'actifs financiers. Le fait générateur de l'impôt est le transfert à l'étranger du domicile fiscal d'un résident belge. Cette émigration est traitée par le législateur à des fins fiscales comme une "cession présumée" ou une réalisation présumée de tous les actifs. Dans ce cas, la valeur marchande des actifs au jour de l'émigration est considérée comme le prix de vente théorique.
L'objectif explicite du législateur est de lutter contre l'évasion fiscale. Il s'agit d'éviter qu'un contribuable, disposant d'une importante plus-value différée, ne déménage stratégiquement à l'étranger juste avant de réaliser effectivement cette plus-value, afin d'échapper à la nouvelle taxe belge.
Calcul de la base imposable
Le calcul de l'exit tax suit la logique de l'impôt général sur les plus-values. La base imposable est la différence entre :
- La valeur de marché des actifs financiers au date d'émigration.
- Le coût d'acquisition, qui pour les actifs acquis avant le 1er janvier 2026, grâce à l'amortissement progressif, est la valeur déterminée pour chaque actif. 31 décembre 2025 sera.
Les taux applicables (10% pour le régime général, les barèmes progressifs pour une participation substantielle, ou 33% pour les plus-values internes) dépendent de la nature des actifs du portefeuille, comme si une vente réelle avait lieu à ce moment-là.
La compatibilité avec le droit européen : une pierre d'achoppement potentielle
Le principe d'une taxe de sortie est en contradiction avec les libertés fondamentales qui constituent la pierre angulaire de l'Union européenne, notamment la liberté d'établissement et la libre circulation des personnes. L'obligation de payer une taxe au seul motif que l'on exerce le droit de vivre dans un autre Etat membre peut être considérée comme une entrave.
La jurisprudence de la Cour de justice des Communautés européennes (CJCE) dans les affaires concernant la taxe de sortie pour les personnes âgées de moins de 18 ans a été confirmée. entreprises (tels que les jugements bien connus National Grid Indus et DMC) fournit des indications claires et nettes en la matière. La Cour a estimé qu'un État membre a le droit d'imposer les plus-values réalisées sur son territoire au moment d'une "sortie". Il s'agit là d'une garantie légitime de l'attribution du pouvoir d'imposition. Toutefois, la collecte immédiate et obligatoire de cet impôt sur les plus-values non encore réalisées constitue une entrave disproportionnée aux libertés de l'UE.
Cette taxe de sortie crée ce que l'on pourrait appeler un "paradoxe de liquidité". Le contribuable est confronté à une dette fiscale potentiellement importante, sans flux de trésorerie correspondant à une vente.
Ce compromis politique est moins radical qu'un prélèvement immédiat sur les plus-values différées, mais il crée un lien continu avec les autorités fiscales belges au cours des premières années suivant l'émigration.
Lorsqu'un contribuable transfère son domicile fiscal à l'étranger, il doit, pendant une période de deux ans continuer à être obligé de déclarer ses actifs financiers et les plus-values réalisées sur ceux-ci. Si des plus-values sont réalisées au cours de cette période de deux ans grâce à la vente de ces actifs, elles resteront imposables en Belgique en vertu des nouvelles règles d'imposition des plus-values.
Après l'expiration de la période de deux ans, cette obligation de déclaration prend fin. Dès lors, il est en principe possible de partir à l'étranger et de vendre ses biens sans payer d'impôt sur les plus-values.
Pour l'émigrant, cela signifie qu'un déménagement n'offre pas une liberté fiscale immédiate. Pendant les deux premières années passées à l'étranger, il faut continuer à suivre de près la législation fiscale belge et la vente d'un portefeuille reste soumise à l'impôt belge.
Conséquences en Espagne
Une planification réussie de l'émigration exige une analyse tout aussi approfondie de la législation fiscale du pays de destination. À cet égard, l'Espagne offre deux régimes fondamentalement différents, dont le choix déterminera le traitement fiscal de votre portefeuille d'investissements.
Le régime normal espagnol pour les résidents
Dès qu'une personne devient résidente fiscale en Espagne - ce qui est généralement le cas lorsqu'elle séjourne en Espagne pendant plus de 183 jours au cours d'une année civile - elle devient imposable sur la base de l'impôt sur le revenu des personnes physiques. revenus et actifs mondiaux.
- Plus-values sur investissements : Les plus-values réalisées ("rendimientos del capital mobiliario" ou "ganancias patrimoniales") sont progressivement imposées dans ce que l'on appelle la "base del ahorro". Les taux sont de 19% sur les premiers 6 000 €, 21% jusqu'à 50 000 €, 23% jusqu'à 200 000 €, 27% jusqu'à 300 000 € et 28% au-delà.
- Impôt sur la fortune : L'Espagne dispose d'un impôt national sur le patrimoine ("Impuesto sobre el Patrimonio"), mais son application concrète (taux et exonérations) a été transférée aux régions autonomes. Il en résulte de grandes différences. Dans des régions comme l'Andalousie et Madrid, cet impôt a été supprimé dans la pratique par une prime de 100%.
- Obligation de déclaration : Les résidents sont tenus de déclarer leurs avoirs étrangers (comptes, investissements, biens immobiliers) via le "Modelo 720" si la valeur par catégorie dépasse 50 000 euros.
En savoir plus sur la résidence fiscale en Espagne.
Le "Ley Beckham" : un refuge fiscal pour vos investissements ?
Outre le régime normal, l'Espagne offre un régime fiscal très attractif et facultatif pour les expatriés, communément appelé "Ley Beckham" ou "régimen especial de impatriados". Ce régime est inscrit dans l'article 93 de la loi espagnole sur l'impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPF).
Le principe fondamental de la Ley Beckham est que, bien que la personne soit à toutes fins utiles un résident fiscal en Espagne, elle est imposée pour la plupart de ses sources de revenus comme si elle était un résident fiscal en Espagne. non-résident est. Cela a une conséquence cruciale et particulièrement favorable pour le détenteur d'un portefeuille d'investissements internationaux. Dans le cadre de ce régime, seuls les revenus considérés comme étant d'origine espagnole sont imposés. Alors que les revenus du travail sont imposés dans le monde entier (à un taux forfaitaire favorable), les plus-values, les dividendes et les intérêts provenant d'un portefeuille d'investissement international sont imposés dans le monde entier (à un taux forfaitaire favorable). portefeuille de titres étrangers (par exemple, un portefeuille détenu auprès d'une banque belge ou luxembourgeoise) sont considérés comme des revenus non espagnols et sont donc soumis à l'impôt sur le revenu. exonération totale de l'impôt espagnol sur le revenu.
Les conditions pour bénéficier de ce régime sont strictes :
- Au cours de la cinq Les années fiscales précédentes n'ont pas été des années de résidence fiscale en Espagne.
- Le déménagement en Espagne doit être motivé par des raisons spécifiques d'ordre économique. Les plus courantes sont la conclusion d'un contrat de travail auprès d'un employeur espagnol, en acceptant un mandat en tant qu'employé de bureau. conducteur dans une entreprise espagnole, ou lancer une activité économique innovante qualifiée. La simple retraite ou le départ à la retraite ne suffisent pas.
- La demande officielle doit être soumise par l'intermédiaire du Modèle 149 aux autorités fiscales espagnoles dans un délai strict de six mois après le début de l'activité en Espagne (par exemple, inscription à la sécurité sociale).
Le régime est applicable pour l'année d'arrivée et les cinq années civiles suivantes, ce qui représente un montant de durée maximale de six ans. Après cette période, on revient automatiquement au régime standard pour les résidents.
Opter pour la Ley Beckham n'est pas seulement un petit avantage, c'est la contrepartie fiscale parfaite de l'exit tax belge. Alors que la loi belge impose les plus-values latentes jusqu'au jour de l'émigration, la Ley Beckham veille à ce que les plus-values accumulées par l'émigrant ne soient pas imposées. après l'émigration (jusqu'à six ans) n'est pas imposée en Espagne. Ensemble, ces deux législations nationales, à première vue sans rapport, créent une transition fiscale (presque) transparente sans double imposition sur la même plus-value. La période de six ans en Espagne dans le cadre de ce régime peut être considérée comme un "paradis fiscal" pour la poursuite de la croissance du portefeuille d'investissements étrangers.
Comparaison des régimes fiscaux espagnols pour un portefeuille de titres étrangers
Fonctionnalité | Régime résidentiel normal | "Régime "Ley Beckham |
Base imposable | Revenu et richesse au niveau mondial | Revenus de source espagnole uniquement (exception pour les revenus du travail) |
Impôt sur les plus-values (portefeuille étranger) | Oui, taux progressif de 19% à 28% | Non, exonération totale |
Imposition des dividendes (portefeuille étranger) | Oui, taux progressif de 19% à 28% | Non, exonération totale |
Impôt sur la fortune (capitaux étrangers) | Oui (sous réserve de variations régionales) | Non, exonération totale |
Déclaration des avoirs étrangers (Modelo 720) | Oui, obligatoire | Non, exempté |
Durée du régime | Illimité (tant que l'on est résident) | Maximum 6 ans |
Paradoxalement, la voie fiscale la plus favorable vers l'Espagne (Ley Beckham) n'est pas accessible au "retraité" ou au "pensionné" traditionnel qui souhaite vivre passivement de ses actifs. Le régime exige un lien économique actif avec l'Espagne. De nombreux clients rêvent de "quitter leur travail" et de s'installer en Espagne. Cependant, la réalité fiscale est qu'une telle émigration "passive" les place inévitablement sous le régime standard, beaucoup plus onéreux.
En savoir plus sur le Ley Beckham.
La convention de double imposition
Dans l'interaction entre deux législations fiscales nationales, la convention de double imposition (CDI) joue un rôle crucial. Cette convention prévaut sur la législation nationale et vise à déterminer lequel des deux États est compétent en matière d'imposition, ce qui permet d'éviter la double imposition. La convention entre la Belgique et l'Espagne est basée sur le modèle de convention de l'OCDE.
Analyse de l'article 13 (gains en capital)
L'article 13 du CDI Belgique-Espagne régit le pouvoir d'imposer les plus-values. Pour un portefeuille d'investissement, deux dispositions sont primordiales :
- La règle générale (art. 13, par. 6) : Cet article prévoit que le pouvoir d'imposition des plus-values sur les biens meubles (comme un portefeuille de titres) est attribué exclusivement à l'État où se trouve le bien en question. le cédant est résident fiscal au moment de la cession. Plus précisément, si vous résidez en Espagne au moment où vous vendez vos actions, en principe, seule l'Espagne peut prélever l'impôt.
- L'exception (art. 13, par. 5) : Toutefois, la convention contient une exception très importante pour les "participations importantes". Cette disposition stipule que les bénéfices provenant de la cession d'actions faisant partie d'une participation de au moins 25% dans une société résidant dans l'autre État (en l'occurrence la Belgique), peuvent être imposés dans cet autre État (la Belgique). Il s'agit d'une clause dite de "récupération" qui permet à la Belgique, même après votre émigration, de continuer à exercer des pouvoirs d'imposition dans des conditions strictes.
Interaction entre la taxe de sortie et la convention
D'un point de vue juridique, la taxe de sortie n'est pas une violation du traité, mais plutôt une taxe d'entrée. anticipation sur elle. La Belgique prélève l'impôt sur une réalisation fictive au tout dernier moment où elle dispose incontestablement d'un pouvoir d'imposition exclusif : le jour précédant le changement formel de résidence fiscale. La convention préventive de double imposition règle la situation qui se présente après à ce moment-là. L'impôt de sortie est donc le prix que l'émigrant paie pour être autorisé à transférer à l'Espagne le pouvoir d'imposition sur l'accumulation future de ses actifs.
Après l'émigration, lorsque les actions sont effectivement vendues à une date ultérieure, la convention prend pleinement effet :
- Scénario A : portefeuille ordinaire (<25% holdings) : La Belgique a déjà réclamé sa part de la plus-value (jusqu'à l'émigration) par le biais de l'exit tax. En cas de vente réelle ultérieure pendant que vous résidez en Espagne, l'article 13, paragraphe 6, attribue le pouvoir d'imposition exclusivement à l'Espagne. Si vous êtes soumis à la Ley Beckham, l'Espagne n'exercera pas cette compétence. Le résultat net est que seule la taxe de sortie belge a été payée sur la plus-value jusqu'au déménagement.
- Scénario B : Participation significative (≥25% dans une société belge) : La Belgique a prélevé la taxe de sortie sur la plus-value latente au moment de la sortie. Toutefois, lors d'une vente ultérieure et effective, l'article 13, paragraphe 5, désigne le pouvoir d'imposition également vers la Belgique. Il en résulte un risque potentiel de double imposition : d'abord par le biais de la taxe de sortie fictive, puis par le biais d'une taxe réelle sur la vente. Dans une telle situation, pour respecter les règles de la convention, la Belgique devra compenser l'impôt de sortie précédemment payé par l'impôt final dû, mais la procédure à suivre peut s'avérer administrativement complexe.
L'analyse de l'article 13 montre qu'un "portefeuille d'investissement" n'est pas un concept fiscal homogène dans un contexte international. La présence d'une seule "participation substantielle" de 25% ou plus dans le portefeuille modifie l'ensemble de la dynamique fiscale internationale et le profil de risque de l'émigration. Vous pouvez détenir un portefeuille de 10 millions d'euros, dont 9 millions d'euros dans des fonds diversifiés et 1 million d'euros dans une participation de 30% dans une PME belge. Sur le plan fiscal, il s'agit de deux mondes complètement différents. Pour les 9 millions d'euros, l'analyse (Exit Tax -> Ley Beckham -> pas d'impôt espagnol) est relativement simple. Pour la participation d'un million d'euros, il existe un risque supplémentaire lié à la clause de "récupération" de la convention, ce qui nécessite une planification beaucoup plus complexe, par exemple en envisageant une vente ou une restructuration de cette participation. avant l'émigration.
Considérations stratégiques et conclusions
L'analyse qui précède débouche sur un certain nombre de scénarios concrets et de recommandations stratégiques pour tout investisseur belge envisageant d'émigrer en Espagne.
Analyse de scénarios : implications pratiques
Scénario 1 : L'"émigrant actif" (opte pour Ley Beckham)
En Belgique : En cas de départ après le 1er janvier 2026, l'émigrant est soumis à l'obligation de déclaration pendant deux ans. S'il vend des actifs au cours de ces deux années, la plus-value (accumulée depuis le 31 décembre 2025) est imposable en Belgique.
En Espagne (6 premières années) : L'émigrant ne paie pas d'impôt sur le revenu ni d'impôt sur la fortune en Espagne sur le portefeuille étranger. Toutes les plus-values réalisées au cours de cette période ne sont pas imposées en Espagne.
Conclusion : Il s'agit du scénario fiscal le plus optimal. L'impôt belge peut être évité en retardant la vente des actifs jusqu'à la fin de la période de deux ans. En contrepartie, on bénéficie de six années de croissance du patrimoine en franchise d'impôt en Espagne.
Scénario 2 : L'"émigrant passif" (relève du régime normal)
En Belgique : La taxe de sortie est due de manière identique.
En Espagne : L'émigrant est imposé sur toutes les plus-values réalisées au niveau mondial aux taux progressifs (19%-28%) et est potentiellement soumis à l'impôt sur la fortune. Il existe un risque important de double imposition. Si une vente a lieu au cours des deux premières années, la plus-value est imposée à la fois en Belgique (en raison du régime d'imposition à la sortie) et en Espagne (en raison du principe de résidence). Bien que la convention prévoie des mécanismes pour y remédier, la procédure est complexe et le résultat n'est pas toujours garanti.
Conclusion : Ce scénario est nettement moins favorable et nécessite une planification beaucoup plus prudente et proactive pour éviter la double imposition, notamment en évitant les ventes au cours des deux premières années suivant l'émigration.
Conclusions et recommandations
L'interaction entre la nouvelle législation belge, les régimes fiscaux espagnols et la convention de double imposition est extrêmement complexe. Une émigration réussie exige une approche stratégique et bien préparée.
- Le choix du moment est essentiel : Une émigration totalement achevée avant le 31 décembre 2025 évite complètement l'application de la nouvelle taxe sur les plus-values et de la taxe de sortie. Pour les personnes quittant leur emploi après cette date, une planification détaillée est essentielle.
- L'appréciation est cruciale : Indépendamment des projets d'émigration, il est capital pour tout investisseur belge de faire évaluer l'ensemble de son portefeuille, et en particulier les actifs non cotés, de manière professionnelle et documentée, au 31 décembre 2025. Cette évaluation constitue votre nouvelle base fiscale et la pierre angulaire de votre défense contre le fisc pour les décennies à venir.
- Analysez votre profil d'émigration : La question de savoir si vous serez un émigrant "actif" ou "passif" est le facteur le plus important pour la réussite de votre planification fiscale en Espagne. La possibilité de bénéficier de la Ley Beckham doit être au centre de vos préoccupations. Si nécessaire, adaptez vos plans professionnels pour répondre aux exigences.
- Segmentez votre portefeuille : Identifiez soigneusement toute "participation importante" (≥25% dans une société belge). Ces actifs nécessitent une stratégie distincte et plus spécialisée en raison des dispositions spécifiques de "récupération" de la convention de double imposition.
- Consulter des experts : La complexité de ce dossier ne doit pas être sous-estimée. Une émigration bien préparée nécessite des conseils juridiques et fiscaux spécialisés, non seulement en Belgique mais aussi en Espagne, afin d'aligner parfaitement les deux législations.